Rapport oral et cancer de la gorge :
décryptage d’une nouvelle étude.
La question de savoir si les rapports oraux peuvent provoquer un cancer de la gorge a récemment attiré l’attention suite à une nouvelle étude.
Sur les réseaux sociaux, les influenceurs et autres créateurs de contenus, se sont emparés de ce nouvel article pour en faire des vidéos.
Si certaines vidéos contiennent des phrases choc pour attirer l’attention, d’autres sont véritablement publiées pour prévenir et promouvoir la santé. Entre vérité et raccourcis d’informations qui déforment la réalité, difficile de savoir à qui se fier.
Nos experts explorent la véracité des informations sur le sujet, les causes réelles du cancer de la gorge, ses conséquences, les traitements disponibles et les méthodes de prévention.
Pour en savoir plus : /hpv-et-cancers-de-la-tete-et-du-cou/
Le lien entre rapport oral et cancer de la gorge
On sait que certains types de HPV connus sous le nom de HPV « à haut risque » augmentent le risque de développer certains types de cancer, y compris les cancers de l’anus, du col de l’utérus, du pénis, de la vulve, du vagin et de la tête et du cou.
D’après de récentes estimations, plus de 5% de tous les cancers sont attribués au HPV. Le HPV peut provoquer des cancers dans le fond de la gorge, à la base de la langue et au niveau des amygdales, dans une zone appelée l’oropharynx.
Ces cancers sont appelés cancers oropharyngés et font partie du groupe appelé cancers de la tête et du cou. On estime que chaque année, dans le monde, environ 45 000 nouveaux cas de cancer de la tête et du cou peuvent être attribués à une infection au HPV.
Le HPV est une infection sexuellement transmissible et peut être contracté par des rapports oraux (fellation, cunnilingus, anulingus).
Cependant, il est important de noter que le fait d’avoir des rapports oraux ne conduit pas directement au cancer de la gorge, mais augmente le risque d’infection par le HPV, qui peut ensuite, dans certains cas, provoquer un cancer.
Le HPV c’est quoi ?
Le papilloma virus humain, abrégé « HPV », est un virus très courant, contracté par la majorité des gens à un moment ou à un autre de leur vie. Il peut affecter la peau et les muqueuses qui bordent certaines parties du corps à plusieurs endroits, comme :
- la bouche et la gorge
- l’anus
- le col de l’utérus
- le pénis
- le vagin
- la vulve
Le papillomavirus humain (HPV) est un groupe de virus qui inclut plus de 200 types différents, chacun désigné par un numéro, et dont environ 40 peuvent infecter la région anogénitale. Certains types de HPV ont été associés à des tumeurs non cancéreuses, mais d’autres sont connus pour être cancérigènes.
La plupart des infections par le HPV sont asymptomatiques et disparaissent d’elles-mêmes, mais certaines peuvent persister et provoquer des verrues génitales ou des cancers. En effet, le virus peut rester inactif pendant des mois sans symptômes. La plupart des personnes, sans même le savoir, ne sont plus porteuses du virus et ont donc une faible probabilité de développer un cancer.
Pour en savoir plus : cnr-hpv.fr/infos-hpv/
Transmission du HPV
On estime qu’environ 70 % des hommes et des femmes sexuellement actifs seront exposés au HPV à un moment donné de leur vie, généralement peu de temps après le début de leur vie sexuelle. Voici les modes de transmissions :
Pour en savoir plus : /maladies/papillomavirus-hpv
Comme pour toute infection sexuellement transmissible (IST), le risque d’infection augmente avec le nombre de partenaires sexuels, des rapports oraux non protégés, et le tabagisme, qui agit de manière synergique avec le HPV pour augmenter le risque de cancer. D’autres voies de contamination, bien que plus rares, sont également possibles.
Types de HPV et cancer de la gorge
Parmi les plus de 200 types de HPV, les types 16 et 18 sont les plus souvent associés aux cancers oropharyngés. Ces types de HPV sont responsables d’environ 70% des cancers du col de l’utérus et sont également les principaux coupables des cancers de la gorge liés au HPV. D’autres types de HPV à haut risque associés aux cancers de la tête et du cou sont les HPV -18, 31 et 33, mais ils sont bien plus rares que le HPV -16.
Pour en savoir plus : Mécanisme de carcinogénèse
Le HPV 16, en particulier, est le type le plus oncogène parmi les HPV. Il produit deux protéines virales majeures, E6 et E7, qui jouent un rôle crucial dans la transformation maligne des cellules hôtes.
La protéine E6 se lie à la protéine p53, un suppresseur de tumeurs, et la dégrade, inhibant ainsi la réparation de l’ADN et l’apoptose. La protéine E7, quant à elle, se lie à la protéine Rb (rétinoblastome), perturbant le contrôle du cycle cellulaire et favorisant la prolifération cellulaire incontrôlée.
Ces interactions moléculaires mènent à l’accumulation de mutations et à la transformation des cellules normales en cellules cancéreuses.
Le délai entre l’infection virale et la survenue du cancer
Cette durée n’est pas connue précisément, néanmoins il s’agit d’un processus qui nécessite plusieurs années. Chez certains patients, l’infection virale est survenue 10 à 15 ans voire plus avant l’apparition du cancer.
Pour en savoir plus : oropharynx-papillomavirus-2014.pdf (image appartenant au site gustave roussy)
La prévention
La vaccination contre le HPV est le moyen le plus efficace de prévenir l’infection par les types de HPV oncogènes. Le vaccin Gardasil 9, par exemple, protège contre les types de HPV les plus courants, dont le 16 et le 18.
Bien que le préservatif puisse réduire le risque de transmission du HPV, il n’offre pas une protection totale, car le virus peut infecter des zones non couvertes.
Se faire dépister régulièrement pour le HPV, notamment par le biais du frottis cervico-vaginal et des tests ADN du HPV.
Découverte du lien entre le HPV et le cancer de la gorge
Le lien entre le papillomavirus humain (HPV) et le cancer de la gorge, particulièrement le cancer oropharyngé, n’est pas une découverte récente. Les premières preuves scientifiques de cette association remontent à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Depuis lors, de nombreuses études ont consolidé la compréhension de ce lien.
Même si le lien entre le HPV et le cancer de la gorge est bien établi depuis plusieurs décennies, la nouvelle étude fournit des mises à jour précieuses et renforce l’importance de la prévention par la vaccination, le dépistage précoce et les traitements personnalisés. Ces avancées contribuent à une meilleure gestion des risques associés au HPV et à une amélioration des résultats pour les patients.
Finalement ce n’est pas la nouveauté qui inquiète mais plutôt le nombre de personnes infectées qui augmentent. Avec la libération de la sexualité, le nombre de partenaires se multipliant et les pratiques se diversifiant, les facteurs de risques croissent et favorise la transmission en masse du HPV.
Pour conclure
Le lien entre le papillomavirus humain (HPV) et le cancer de la gorge, notamment le cancer oropharyngé, est bien établi depuis plusieurs décennies. Les types de HPV 16 et 18 sont particulièrement oncogènes et sont responsables d’une proportion significative de ces cancers. Bien que la consommation de tabac et d’alcool ait longtemps été considérée comme les principales causes de ces cancers, l’infection par le HPV est désormais reconnue comme un facteur de risque majeur, touchant une population plus large et augmentant en fréquence.
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